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Mythe laotien : la légende de Phou Thao et Phou Nang

Toute civilisation a ses histoires et légendes transmises de génération en génération. La culture laotienne ne déroge pas à la règle. Empreinte dans la tradition bouddhiste, ses contes relatent des histoires d’amour, d’esprits divins, de combats, ou encore de nature. Chez ORLA Tours, nous pensons que ces petites histoires ont beaucoup d’importance quant à la culture laotienne. C’est pourquoi nous y consacrons une série d’articles.



Nous avons choisi de commencer par la légende Thao Phoutthasaen.


Pourquoi celle-là parmi tant d’autres ? Déjà un peu par nostalgie car elle présente de nombreuses similitudes avec le conte du petit Poucet retranscrit par Charles Perrault à la fin du 17ème siècle. Et puis, parce que nous pouvons contempler les montagnes issues de cette histoire tous les jours à Luang Prabang. Phou Thao et Phou Nang évoquent respectivement la silhouette d’une fille et d’un jeune garçon.



Voici leur légende…


Il était une fois, il y a fort fort longtemps, un bûcheron et sa femme vivant au pays d’Inthapatha. Les fins de mois étaient difficiles car couper du bois rapportaient peu. Qui plus est, le budget repas était conséquent avec 12 jeunes filles à nourrir.


Toute la famille maigrissait à vue d’œil par manque de nourriture. Comment résoudre ce problème ? Solution radicale mais efficace : les filles furent abandonnées dans la forêt.


Au cours de leur errance, elles pénétrèrent dans les terres de Sunthara La Nyakhini, une terrible ogresse. Son plat préféré ? La viande de jeune fille. Autant dire que l’issue de ce passage ne présageait rien de bon. Par chance, l’ogresse avait une fille, qui mourrait d’ennui par manque d’amis. Elle décida donc d’épargner les 12 jeunes filles pour distraire sa progéniture. Le civet d’humain au court bouillon sera pour plus tard.


Bien nourries, elles furent de plus en plus dodues et l’ogresse commençait à avoir du mal à refréner ses envies de chair fraîche. Il était grand temps de s'enfuir. En grandissant, les filles étaient devenues de belles demoiselles. Et lorsqu’elles arrivèrent sur les terres du roi Paluthasaen, il décida de les épouser toutes. C’est donc un mariage avec 12 nouvelles femmes qui fut célébré !


A votre avis, qui l’avait un peu mauvaise ? Oui, l’ogresse. Elle avait nourri 12 jeunes filles en vue de les manger, mais elles s’étaient enfuies et étaient maintenant mariées à un roi. La belle vie quoi ! Elle élabora donc un plan maléfique pour se venger. En voici les grandes étapes. Elle se transforma en créature à la beauté incroyable, se maria avec le même roi et fit en sorte de se faire couronner première reine. Puis, elle prétendit être malade. Le remède à ce mal incurable ? Les yeux des 12 autres épouses. Plutôt radical comme vengeance. Le roi s’exécuta, ordonna qu’on leur crève les yeux et qu’on les envoie en exil.


Les jeunes femmes reprirent donc leur errance. Sauf que maintenant elles ne voyaient plus et il se trouve qu’elles étaient toutes enceintes. La loi de Murphy ! Arrivées dans une grotte, elles n’eurent d’autre choix pour se nourrir que de manger les nouveaux nés. Et oui, difficile d’aller à la cueillette quand on est aveugle, non ?

L'histoire aurait pu se terminer là. Sauf que…. Nang La, la cadette des sœurs « par chance » n’avait eu qu’un œil de crevé. Elle en profita pour mettre son enfant à l’abri et de l'élever le plus discrètement possible, sans quoi il aurait fini en sandwich.


Un jour, un coq sauvage, passa devant la grotte et fut pris de pitié pour elles. Dès lors, il commença à les nourrir tous les jours. Grâce aux offrandes du coq, le fils de Nang La, devint un jeune homme fort et en bonne santé. Mais, n’oublions pas qu’il n’était pas sensé être vivant ! C’est pourquoi sa mère lui ordonna de passer le plus clair de son temps hors de la grotte.


Il passa donc ses journées au village d’à côté, où il pratiqua assidûment le jeu d’échec local. A tel point, que son talent fit le tour du royaume et arriva aux oreilles de Paluthasaen. Vous vous souvenez de lui ? C’est le roi et époux des 12 jeunes filles. Il rencontra l’enfant qui lui raconta son histoire et ses années passées dans la grotte. Rapidement, il comprit qu’il n’était autre que son propre fils. Le gamin déménagea donc au palais.

Et à votre avis, à qui ça n’a pas plu ? Et oui à l’ogresse, encore elle… Encore une fois, elle simula une maladie incurable. Manque d’imagination, non ? Bref, le plan pour se débarrasser du prince, c’est de l’envoyer chercher le prétendu remède auprès de sa fille restée dans la forêt. Le Prince devait lui transmettre une lettre dont le message lui était fatal. Heureusement, il croisa un ermite dans la forêt qui par magie modifia le contenu de la lettre.


Évidemment, une fois arrivé sur place, c’est l’amour fou. La fille n’est pas avare de bons conseils et apprend aux princes quelques trucs. Notamment, comment faire apparaître des forêts épineuses, comment faire bouillir des rivières, ou encore comment créer un mur de feu à l’aide d’un citron magique. Elle lui révéla aussi où étaient stockées les yeux de ses tantes ainsi que le cœur de l’ogresse. Oui, aussi curieux que cela puisse paraître, elle peut vivre avec son cœur en dehors de son corps.



Le prince quitte donc sa nouvelle femme pour redonner les yeux à sa mère et ses sœurs. Une fois chose faite, il retourne au palais pour régler ses comptes avec l’ogresse. Il tranche son cœur ce qui, de manière logique, provoque le décès de la marâtre.


Et le roi dans tout ça ? Force est de constater qu’il avait commis quelques erreurs. Épouser une ogresse, faire crever les yeux de ses 12 épouses, les exiler dans une grotte, envoyer son fils se faire tuer, bref…. Pour se rattraper, il invite toute la famille à revenir vivre au palais. Tout est bien qui finit bien.



Sauf que… n’oublions pas que le prince Phoutthasaen a du quitté sa bien-aimée pour redonner la vue à ses tantes. Il remonte donc sur son cheval ailé pour retourner auprès d’elle. Et là, c’est le drame… Sa femme, Vainya Lapati, est morte de chagrin suite son départ. Anéanti par la nouvelle, il meurt à son tour de tristesse. Au nom de leur amour, ils sont transformés en montagnes en forme de corps allongés, visage contre visage.




Et c'est la fin de l'histoire...



Nous espérons qu’elle vous a plu autant que nous. Ce qu’on aime beaucoup, c’est qu’aujourd’hui encore à Luang Prabang, on peut admirer Phou Thao (la montagne du garçon) et Phou Nang (la montagne de la fille). Symboles de cet amour éternel, ces collines sont une belle marque de l’intemporalité de ces contes. Alors, qu’elle est la morale de cette histoire selon vous ? Nous vous laissons réfléchir. Nous vous parlerons bientôt d’une autre légende, alors restez connectés !









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