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Mythe laotien : la légende de Champa Si Ton, les 4 frangipaniers

Toute civilisation a ses histoires et légendes transmises de génération en génération. La culture laotienne ne déroge pas à la règle. Empreints dans la tradition bouddhiste, ses contes relatent des histoires d’amour, d’esprits divins, de combats ou encore de nature. Chez ORLA Tours, nous pensons que ces petites histoires ont beaucoup d’importance quant à la culture laotienne. C’est pourquoi nous y consacrons une série d’articles. Accrochez-vous car cette légende est pleine de rebondissements ! Bonne lecture…

© Légendes du Laos, Soumsanouk Mixay & Fleur Brofos Asmussen



Pour ce deuxième article, nous avons choisi de vous raconter l’histoire des quatre Frangipaniers.


Vous connaissez cet arbre ? C’est un des plus forts symboles du Laos. Ses fleurs ornent les cheveux des femmes lors de cérémonies et son doux parfum emplit la ville de Luang Prabang. Ce conte relate la vie de quatre jeunes hommes au parcours pour le moins « difficile ». Nés, abandonnés, brûlés, ressuscités, transformés en arbre, brûlés, ressuscités, voilà quelques grandes étapes.



Il était une fois, il y a fort fort longtemps, régnait Chulani un roi très puissant.


Comme tout bon seigneur à l’époque, il avait deux épouses, très belles. Dans ce ménage à trois, la jalousie persistait entre les deux reines. La seconde mettait tout en œuvre pour discréditer la première aux yeux de leur bien-aimé commun.


Alors qu’un jour le roi était parti chasser l’éléphant sauvage, la préférée des femmes mis au monde 4 jolis garçons. Occasion idéale pour sa concurrente de faire un sale coup, non ? Et bien, oui… Elle saisit l’opportunité, remplaça les bébés par des chiots et jeta les rejetons à la rivière sur un radeau.

La surprise fut de taille lorsque le roi vit que sa progéniture ressemblait plus à des labradors qu’à des nouveau-nés humains. Le déshonneur et la honte prirent le pas sur l’étonnement. Il décida donc de bannir la nouvelle maman dans une grotte où elle devra élever des porcs pour subsister. Quid des chiots ? La légende ne le dit pas…


Toujours est il que les 4 enfants voguaient maintenant sur l’eau. Fait étrange : leur embarcation de fortune remontait le courant au lieu de le descendre. Un vrai pied de nez à Newton et sa gravité. Un couple de paysans aperçut le radeau et ils adoptèrent les 4 bébés. La cuisine de la campagne leur réussit car ils devinrent de beaux et forts garçons.


4 jeunes hommes, extrêmement intelligents et costauds, ça fait parler... Et l’info arriva aux oreilles de la méchante reine. Elle se rendit sur place et compris rapidement qu’il s’agissait des bébés qu’elle avait mis sur un radeau quelques mois auparavant. Comment réagit-elle à votre avis ? Umh… Pas très bien. Elle opta pour une manière assez radicale de régler le souci. Elle attendit que les parents d’adoption s’éclipsent pour offrir des gâteaux empoisonnés aux garçons, ce qui provoqua leur mort immédiate. De retour, les parents découvrirent les corps sans vie de leurs enfants. Désespérés, ils creusèrent 4 tombes.


Les années passèrent et 4 frangipaniers poussèrent dessus. Mais pas n’importe quels arbres ! Ceux-ci dégageaient un parfum extrêmement raffiné et fort. Comme tout fait étrange à l’époque, l’info se répandit comme une traînée de poudre et atteint rapidement les oreilles de la reine maléfique. Comment le prit elle ? Umh, disons qu’elle fut passablement agacée de devoir s’occuper de leur cas une nouvelle fois. Elle fit déraciner les arbres, les lesta avec des pierres, puis les jeta à la rivière. Cette fois-ci, les lois de la physique furent respectées et ils coulèrent à pic. Quelles divinités habitent les eaux selon les croyances ? Les Nagas, esprits à la forme de serpent. Leur roi découvrit les 4 arbres au fond des eaux. Dans sa grande sagesse, il décida de les libérer de leurs entraves. Ils remontèrent à la surface et se remirent à défier Newton en remontant la rivière à contre-courant.


© Légendes du Laos, Soumsanouk Mixay & Fleur Brofos Asmussen


Leur aventure aquatique prit fin quand un bonze et un ermite les aperçurent. Il faut dire que c’est rare de voir des frangipaniers remonter le courant. Et encore plus conserver leurs magnifiques fleurs. Le novice décida d’en couper une pour son maître. Étonnamment, ce n’est pas de la sève qui coula mais bien du sang. Étonnant, non ? L’ermite compris alors qu’il ne s’agissait pas d’arbres tout à fait « standards ».



D’ailleurs, il convient de noter que l’ermite n’était pas non plus tout à fait standard. En effet, il lui suffit de regarder les frangipaniers pour les réduire en cendre. Il prit ensuite de l’eau sacrée, en répandit sur les cendres pour faire reprendre forme humaine aux princes. Tels des phénix, les 4 garçons réapparurent frais et en forme. On peut dire qu’ils sont de bonne constitution :) Pour rappel, ils ont été jetés à la rivière, morts empoisonnés, transformés en arbres, déracinés, coulés au fond de l’eau, sauvés par le roi Naga, réduits en cendre pour enfin reprendre leur forme originale.

Seule ombre au tableau.


Le novice en coupant la fleur d’un des arbres, priva l'un des princes de son auriculaire, une fois réincarné. L’ermite pris soin de remplacer le doigt manquant par un diamant. Toujours d’un caractère généreux, il leur confia aussi le pouvoir de voler dans les airs ainsi que tout un arsenal pour affronter des démons. Ainsi équipés, ils partirent à la conquête de trois royaumes puis rejoignirent celui de leur père.


Ils le sommèrent de ramener leur mère au palais. Vous vous souvenez qu’elle a été bannie dans une grotte ? Et que sa seule activité était l’élevage de porcs ? Malgré cette situation précaire, elle refusa de rentrer au palais. Question de fierté sans doute. Les 4 princes décidèrent d’aller la chercher par eux-mêmes. Quelle fut sa surprise quand elle rencontra pour la première fois ses 4 enfants. Pour rappel, elle ne les avait jamais connus.

Finalement, elle accepta de pardonner le roi et de retourner au palais. Les princes y prirent eux aussi leurs quartiers. Quid de la reine à la jalousie malsaine ? Elle fut bannie du royaume, condamnée à vivre dans un lieu isolé pour y élever des cochons. L’arroseur arrosé :)


Voilà pour cette légende. Morale de l’histoire ? Umh, sans doute, que l’on ne récolte que ce que l’on sème. Cette conclusion est d’ailleurs tout à fait en ligne avec la philosophie bouddhiste. A savoir que les bons karmas, liés aux bonnes actions, apportent bonheur et chances. Alors que les actes de méchancetés finissent toujours par se retourner contre vous. Si ces bonnes paroles vous intéressent, restez connectés en vous abonnant à nos lettre d'informations Car nous vous raconterons bientôt la légende de Bachieng ! A bientôt…










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